Que cache le voile de tes paupières baissées ?

ton âme serait-elle mise à nue ?...

ton intimité ?... le rempart de ta vertu ?...

           Pourquoi laisses tu ton corps s'enfuir ?

ne lui dois-tu aucun plaisir ?...

ne cherches-tu plus à séduire ?...

           Est-ce que tu fais des projets ?,

de ceux qui bercent le sommeil,

que l'on reconstruit nuit après nuit.

           Par quelles émotions te laisses-tu envahir ?

quand ton coeur bat plus fort,

quand ton pouls s'accélère.

           Comment respires-tu une nouvelle journée ?,

vers qui ,vers quoi s'envolent tes pensées ?.

           Comment vis-tu ta solitude ?,

comme un programme fait d'habitudes ?.

Es-tu heureuse ou pas ?,

toi, finalement que je ne connais pas .....

Si je pouvais voler dit le poisson

S'ouvrirait alors devant moi un horizon

Fait de couleurs, de senteurs.

Je me noierais dans les courants ascendants.

C'est oublier la gravité qu'augmente le plomb des chasseurs.

Si je savais nager dit l'oiseau

Je me laisserais dériver au gré de l'eau.

Dans le silence de cet univers

Ou il n'y a jamais d'hiver.

C'est oublier que l'on peut se figer dans les mailles d'un filet.

Si j'étais humain dit l'âne du manège

Je pourrai réaliser mes rêves.

Vivre d'amour et d'air pur

Dans un monde sans clôture.

C'est oublier que l'argent a dressé des murailles.

Si j'étais un sauvage dit l'homme

Dans un monde primitif en somme

Je m'efforcerais de tout mon cœur

De ne pas reproduire les mêmes erreurs.

C'est oublier que la nature décidera en fin de compte.

Dans les champs , les vaches philosophes broutent paisiblement....

Gagner du temps.

La technologie moderne nous donne tous les jours l'occasion d'y parvenir.

Le TGV nous crédite de plusieurs heures par rapport au train normal ; nous empilons les minutes grâce au four à micro-ondes , aux achats en ligne , etc...

Harpagon moderne , nous remplissons notre cassette de ces gains horlogers.

Une culture du « chronométré » s'impose à notre quotidien , l'angélus depuis longtemps ne rythme plus nos journées.

Les séquences d'activités de notre vie journalière désignées par « métro, boulot , dodo » s'empilent et s'accroissent , il faut vivre avec son temps.

Les informations que nous recevons sont renouvelées sans cesse. A trop s'attarder sur la dernière on risque d'être en retard sur son temps.

Nos échanges épistolaires sont minimalistes , abrégés , voire pré-remplis ou codifiés.

Au clair de lune, l'ami Pierrot ne prête plus sa plume, mais échange des textos.

L'astronomie et son horloge restant figées , nous sommes donc condamnés , pour assouvir tous nos désirs , à aller toujours plus vite.

Prendre ton temps.

Cette attitude est purement égoïste. En faisant cela , le risque est de faireperdre du temps à des personnes qui se sont données beaucoup de mal pour en gagner.

Nos nerfs sont mis à rude épreuve quand nous attendons la fin de la conversation (sur le meilleur créneau horaire pour faire ses courses ) entre la caissière du supermarché et la cliente qui nous précède.

On n'a pas tout notre temps , nous !.

Que dire de la doctrine du « lendemain ».

Comment envisager qu'on aura toujours le temps , qu'il sera toujours temps , sans se positionner à contre courant de la marche vers un avenir conquérant.

Heureusement , il existe des périodes légales qui permettent , à tous , de prendre ce que l'on nomme du bon temps ; l'esclavage c'était un autre temps ! . 

Dans les champs , les vaches philosophes vont s'abreuver calmement...

Avoir fait son temps

Le jour arrive ou notre temps doit être compté.

Essoufflés , fatigués par tous ces instants grappillés , nous contemplons le sablier qui se vide inexorablement.

Le monde qui nous entoure s'agace de nos « de mon temps », « dans le temps »...

Alors , oui pour nous , il est temps.

Le temps de laisser le temps au temps , de pouvoir lui consacrer tout son temps ,le temps d'avoir le temps.

Si il ne fallait ne faire qu'un temps, je choisirai celui-là.

Dans les champs , les vaches philosophes tournent la tête doucement... je les salue et continue ma promenade tranquillement.

J'ai été sous de nombreuses formes
avant que je ne sois libre.
J'ai été l'enfant fouettant sa toupie.
J'ai été question.
J'ai été course dans la plaine,
et oreille attentive aux écorces.
J'ai été l'étendard et la torche
rayant la nuit la rive des fleuves...
j'ai été la feuille dans le vent
et l'écume blonde de la brume...
J'ai été une épée étroite et bariolée.
Je crois à ce qui est apparent.
J'ai été larme dans l'air.
J'ai été la plus brillante des étoiles.
J'ai été mot parmi les lettres.
J'ai été livre à l'origine.
J'ai été une langue brillante
pendant un an et demi.
J'ai été un pont jeté
sur soixante estuaires...
J'ai été l'effervescence de la bière.
J'ai été goutte dans l'averse...
J'ai été corde de la harpe
d'enchantement , neuf années.
Dans l'eau j'ai été l'écume....


                                       ( extraits )   "  Le combat des arbrisseaux"

    .......Je ne voudrais laisser que des traces dans la neige que le printemps effacerait......
          ...... N"être que ce craquement de bois mort qui interrompt quelques instants le chant des oiseaux.....
          ......Me confondre avec cette respiration de la terre qui agite éternellement les feuilles du tremble.....
          ...... J"aurais aimé partager l'herbe humide des brumes matinales, la caresse du vent dans les courants ascendants.....