Dissidence
A l'approche de la Toussaint, le cimetière s'anime un peu. Un chat chasse le lézard au travers des dalles que réchauffe un doux soleil d'automne.
Le temps , qui a ici l'eternité, patine de gris les sépultures petites ou grandes. Les fleurs artificielles sont devenues timides, elles ont les couleurs de l'oubli.
Dans cet univers consensuel, une exubérance marbrière nouvelle, choque. La mort est mise en scène, dans un décor baroque d'angelots tristes.
Bientôt, peut-être, le temps de la stèle audio-vidéo et des regrets en 3D, chers défunts, profitez!.
La curiosité nait de la connaissance de certains signes et guide mes pas dans cette zone tout en sobriété, simplicité et dénuement .
Ici, un cadre en planche posé au sol, délimite la sépulture de gravier. Les dimensions suggèrent un enfant et la peinture blanche, qui s'écaille, la pureté et l'innocence. La croix de bois est fichée dans la terre. En son centre un coeur émaillé avec l'inscription.
Là, un autre cadre, plus grand, la peinture marron est récente. Il y a deux croix, l'une derrière l'autre si proches, que l'inscription devient difficile à lire... des époux réunis.
Là-bas, les années ont eu raison des matériaux, le cadre bois est un vestige et ce qui reste de la croix a été couché sur le sol.
Nulles fleurs, mais pas d'herbes folles non plus, juste la nature qui officie imperturbablement.
Dans la région on vous nomme les "Blancs"; je suis heureux d'avoir pu combler celui-ci, parmi mes nombreuses lacunes.