La petite reine chinoise
Quand on partait de bon matin,
Quand on partait gagner notre pain
En cyclo-pousse.
Nous étions tous de Pékin,
Y avait Chen, y avait Kuan-Ti,
Y avait Wang, y avait Shan-Ti
Et puis Li Wei.
On était tous amoureux d'elle,
On se sentait pousser des ailes
En cyclo-pousse.
Dans les ruelles étroites
On s'imposait du guidon
Pour être en bonne position
Proche de Li Wei
Faut dire qu'elle y mettait du cœur,
C'était la fille d'un tireur
De pousse-pousse.
Elle avait fait dans son sillage
Tous les hutongs du village
Sur son tricycle.
Quand on arrivait vers les boulevards,
On garait le long des trottoirs
Nos cyclo-pousse.
Puis on guettait les cars de "longs-nez"
Essayant d'attirer son attention,
La faire sourire, sentir une émotion
Conter fleurette.
On partageait pendant l'attente,
Toutes chaudes de la cuisine ambulante
Des patates douces.
Des tricycles souvent surchargés
Nous interpellaient moqueurs
De n'être que des conducteurs
De touristes.
On rêvait tous de partir, de se faire la belle,
Prendre le bateau, l'avion, seul avec elle,
Sans cyclo-pousse.
On oubliait qu'elle payait par ce travail
Son entrée à l'université de Shanghai,
... Elle filait en douce.