Les animaux tenaient conseil.
La gravité de la situation imposait cette réunion.
Un petit groupe d'hommes avait été convié à participer, nécessitant la mise en place d'un protocole de langage.
Le choix du site amenait à penser immédiatement que la nature était en fait le troisième invité.

Un vieil éléphant pris la parole:
 -Messieurs les humains, depuis des siècles nous nous efforçons de nous adapter aux changements que vous nous imposez.Beaucoup d'entre nous ont disparu, bouleversant un équilibre complexe. Aujourd'hui, le rythme de ces bouleversements est trop rapide. La démesure et peut-être la folie de votre génie inventif ne font plus appel à l'instinct, mais au profit. Ayant pu préserver avec notre terre nourricière des liens étroits formés de couleurs, d'odeurs, de vibrations, notre inquiétude grandit... 
 - Nous sommes tous interdépendants. L'eau, la terre, le feu et tous les éléments sont plus forts que nous. Pour avoir négligé ce paramètre, vous avez enclenché un processus irréversible. En continuant ainsi, il ne restera bientôt plus qu'un embryon de vie végétale et animale.Mais, nous pouvons vous affirmer que votre espèce, elle, aura complétement disparue. Même si ce scenario n'est pas pour déplaire à certains, nous payerions un trop lourd tribu et nous ne le souhaitons pas...
 - Nous estimons que votre tour est arrivé de montrer vos capacités non pas à adapter à vos fins ce qui vous entoure, mais à vous adapter ou inexorablement disparaître. Vous voilà à l'heure des choix vitaux pour votre espèce. Nous sommes les exemples vivants de ce qu'il advient de décider. Regardez nous comme étant une part de vous, n'attachez que peu d'importance à la forme, concentrez vous sur le fond, la vie.

Le vent qui fit frissonner les feuilles aurait pu faire croire à des applaudissements.

Après quelques échanges brefs, un homme se détacha de quelque pas pour parler.
 -Nous avons su façonner, modeler ce monde pour qu'il corresponde aux besoins de tous. Nous en avons extrait des richesses pour permettre au plus grand nombre d'en profiter. La science nous permet chaque jour d'améliorer encore nos capacités de croissance et de développement.La notion de conscience écologique s'est inscrite dans les projets que nous menons, en freinant parfois certaines ambitions...
 - Tout cela a un coût, et a demandé beaucoup d'investissement en matériels et en énergie. L'évolution de nos connaissances rend possible aujourd'hui ce qui ne l'était pas hier et nous ouvre des perspectives infinies. L'homme a toujours été un grand bâtisseur, chaque civilisation s'efforce à laisser son empreinte...
 - Nous ne reviendrons pas en arrière. Votre vision de l'avenir ne prend pas en compte le développement de la génétique, la biochimie, la bactériologie etc... qui prendront le relais en temps voulu. Votre pessimisme est un refus du progrès, de la marche en avant de l'humanité . Que pourriez vous nous apprendre ?. Nous volons à des vitesse supersoniques, nous traversons les océans, nos routes sillonnent toutes les contrées et nous sommes presque installés dans l'espace.
 - Nous n'avons plus de prédateurs...

Le vent qui fit grincer les hautes branches des arbres marqua la fin du discours.
Bloc compact  formé de dos, les hommes s'éloignèrent avec assurance et autorité.
L'incompréhension ou la stupeur se lisait dans le regard des animaux qui restaient pétrifiés...


Alors que le groupe d'hommes disparaissait, au sommet de la colline, quatre cavaliers venaient d'apparaître. Le premier blanc tenait un arc, le second rouge brandissait une épée, le troisième noir portait une balance et le dernier très pâle semblait mort.

Si je pouvais voler dit le poisson

S'ouvrirait alors devant moi un horizon

Fait de couleurs, de senteurs.

Je me noierais dans les courants ascendants.

C'est oublier la gravité qu'augmente le plomb des chasseurs.

Si je savais nager dit l'oiseau

Je me laisserais dériver au gré de l'eau.

Dans le silence de cet univers

Ou il n'y a jamais d'hiver.

C'est oublier que l'on peut se figer dans les mailles d'un filet.

Si j'étais humain dit l'âne du manège

Je pourrai réaliser mes rêves.

Vivre d'amour et d'air pur

Dans un monde sans clôture.

C'est oublier que l'argent a dressé des murailles.

Si j'étais un sauvage dit l'homme

Dans un monde primitif en somme

Je m'efforcerais de tout mon cœur

De ne pas reproduire les mêmes erreurs.

C'est oublier que la nature décidera en fin de compte.

Si je vous dis " frégate ", vous planez en compagnie de cet oiseau de mer à l'envergure immense.Vous rasez la crête des vagues en attrapant les poissons qui s'approchent de la surface.

Si je vous dit " Aquitaine ", c'est l'océan qui vient chatouiller vos pieds.C'est un terroir qui se partage avec modération.C'est l'autre côté du sud.

 .......

Mais, il est un monde ou " frégate " et " Aquitaine " évoque un navire de guerre de surface.Une série de onze bâtiments qui porteront le nom de nos belles régions françaises. Peut être que l'armement (voir ci-dessous) portera le logo de la région !. 

8 missiles Exocet MM40 Block III ; 
16 missiles anti-missiles Aster 15 en silos Sylver A43
16 MDCN (Missile de Croisière Naval) en silos Sylver A70.  
1 canon de 76 mm OTO-Melara compact SR avec conduite de tir optronique NA-25 XP
2 mitrailleuses de 12.7 mm (évolution prévue vers 2 canons téléopérés de 20 mm 
19 torpilles légères MU 90, tirées depuis quatre tubes latéraux

Trêve de plaisanteries, chaque navire coûte 656 millions d'euros quand même !.

Dans ce même monde " Suffren " le cadet de Provence, le Nelson français sera le nom de baptême du prochain sous-marin nucléaire d'attaque.Il aura des petits frères : Duguay-Trouin, Dupetit-Thouars, Duquesne, Tourville, Grasse-Tilly.Avec, également un bien bel équipage (voir ci-dessous). 

16 missiles balistiques M4 avec têtes TN71
Torpilles L5 et F17 filoguidées
Exocet SM39
 

On a de l'ambition chez ces gens là, pour quelques 8 milliards. 

Et notre porte-aéronefs à propulsion nucléaire " Charles de Gaule ", le fer de lance de la marine nationale, un outil stratégique et diplomatique sans égal, je cite.Un investissement de 3 milliards qui a  barboté en rade de Toulon pendant deux ans. 

Ca fait cher la bataille navale ! mais on ne compte pas chez ces gens là !. 

Je n'aurai pas l'indécence de vous parler de" Rafale "," Mirage "," Leclerc ", " Tigre "... Sur terre ou dans les airs nous portons fiers la cocarde.

L'imagination est sans limites chez ces gens là !.

Alors, quand sonnera l'heure des restrictions, des efforts de solidarité, n'ayez aucune crainte, monsieur. 

Faut vous dire , monsieur, que  chez ces gens là on est la Nation. 

La guerre, l'art de tuer en grand et de faire avec gloire ce qui, fait en petit, conduit à la potence.                                                                                                                             

  (Jean Henri Fabre)